Publications par Maryse Esterle

Original

Je fais benoîtement mes courses dans mon magasin d’alimentation préféré. À la caisse, le vendeur me demande mes nom et prénom pour alimenter en points mon programme fidélité. À l’énoncé de mon prénom, il s’exclame : Maryse, avec un y, c’est très original ! Il a l’air de trouver ça joli aussi.
Mais vous savez, dans les années 1960, des Maryse on en trouvait à tous les coins de rue, lui dis-je. Et des Béatrice, des Christine, des Martine, des Jacqueline, des Brigitte, des Claire, des Francine, des Marie-Claude… Et, ajouterais-je si le jeune vendeur m’écoutait encore, des Pierre, des Jean, des Alain, des Paul, des Jacques, des Étienne, des François, des Philippe…

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Effacement

Lorsque ma grand-mère Generosa mourut à 64 ans, en 1947, sa fille aînée Marie-Thérèse, restée auprès d’elle, écrivit à ma mère. Elle raconte dans cette lettre émouvante la fin de ma grand-mère et conclut par ces mots :
« On ne sait pas ce qu’est la souffrance quand on ne connaît pas la perte d’un membre de sa famille et surtout d’une maman comme la nôtre. Quel dévouement infini et quel effacement ! Que de regrets pour nous ! Bises très affectueuses de nous tous ».
Cette expression : « Quel dévouement infini et quel effacement ! » m’a marquée lorsque j’ai lu cette lettre vers l’âge de dix ans. Ainsi, le dévouement infini et l’effacement étaient des qualités féminines dignes d’admiration pour ma tante et une bonne partie de la société qui l‘entourait ?

Trop plein

Fin d’après-midi de février, dans ma petite ville de banlieue. La nuit tombe, il pleut un peu et il fait froid (pas trop). Un peu trop chargée pour rentrer chez moi à pied, je cours vers le bus qui va m’en rapprocher.
La montée réglementaire par l’avant est trop difficile, le bus est bondé, c’est l’heure du bourrage des transports en commun. J’arrive à me hisser par la porte centrale, au milieu d’une mini-foule debout. Je vois de beaucoup trop près le grain de peau d’une jeune femme à ma droite et d’une autre à ma gauche. Une dame proteste contre le dos d’un grand jeune homme vêtu d’un blouson bleu à petits motifs blancs, la tête couverte d’une capuche, dos qu’elle juge trop près de son épaule à elle.

Vœux 2024

Cette photo prise de chez moi me fait penser à Mon amie la rose, chantée par Françoise Hardy et Natacha Atlas.
Une chanson mélancolique dont je retiendrai les derniers vers :
Croit celui qui peut croire
moi j’ai besoin d’espoir
sinon je ne suis rien
Ou bien si peu de chose
C´est mon amie la rose
Qui l´a dit hier matin

Une poignée de marrons

Automne 1996.
« Ça ne s’arrêtera jamais, maman ! » Ma fille s’effondre sur le canapé du salon. Dans la cour de récréation du collège où elle entame son année de 5e, trois garçons de son âge l’ont poursuivie en lui jetant des marrons : « Marron, marron, ta peau elle est marron ! »
Le lendemain, je me présente au collège à la première heure en expliquant l’histoire. Je suis reçue par et la principale adjointe et la conseillère principale d’éducation.
Les trois lanceurs de marrons s’étonnent d’être ainsi convoqués en urgence.
« C’est pour quoi cette fois-ci ? » Demande l’un d’entre eux.

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Les Hirondelles des Pyrénées / Las golondrinas pirenaicas, revue PARTIR

Un article de Maryse Esterle : « Les Hirondelles des Pyrénées / Las golondrinas pirenaicas » dans la revue PARTIR, association pour la mémoire de l’émigration pyrénéenne, n° 28, septembre 2023, pp. 8-22.
L’article est en français et en espagnol. Il suit le chemin de mon arrière-grand-père entre le Béarn et l’Aragon et croise celui des Hirondelles à travers les Pyrénées.

Conversation

– Bonjour Madame, une tradition s’il vous plaît !
– Ce sera tout ?
– Oui, merci.

La baguette glisse dans mon sac. Sourires.

– Et pour vous, ce sera ? Demande la boulangère à la cliente suivante.

À la pharmacie. Je tiens à la main un tabouret pliant récemment acheté dans un bazar que nous appelions droguerie dans ma jeunesse.

Quatre saisons

Quand j’étais petite, dans les années 60, il y avait quatre saisons bien différentes, l’automne et ses feuilles mortes entraînées par le vent, l’hiver couvert de neige, le printemps et le réveil de la nature, l’été, sa chaleur et ses vacances.
Nous avions des vêtements de demi-saison, plus légers que les manteaux d’hiver mais laissés dans l’armoire quand les chaleurs d’été arrivaient. Tout cela formait un ordre immuable et rassurant, tangible comme le bonhomme de neige en décembre ou les parasols en juillet.

Fleur d’oranger

L’Oranger du Mexique doit son nom à sa provenance d’Amérique centrale, à ses fleurs blanches en grappe et à la senteur qui s’en dégage au printemps. Celui-ci a élu domicile dans mon jardin à côté d’une glycine, dans un enchevêtrement de lierre et de vigne.