La mort a préparé sa petite boutique,
On ne peut pas la rater
Drôlement bien éclairée
Elle a mis sa robe de fête
Ses napperons en dentelle de papier
Dessiné les oiseaux de Matisse
Découpé des crânes bleus et blancs
Sur une nappe d’azulejos
Ajouté des roses bleues enguirlandées
Promenade à Biarritz, un jour de septembre ensoleillé, entre deux films du festival Biarritz Amérique latine. La ville est impeccable, boutiques de macarons, de chocolats ou de vêtements chics, consommateurs bien nourris aux terrasses des cafés. Pas un papier par terre, pas une feuille morte qui traîne, pas un pauvre tendant la main au coin des rues. La Grande Plage est ratissée tous les jours, les surfeurs planent sur les vagues féroces de l’océan en combinaisons luisantes.
J’ai passé l’été à l’autre bout du monde. Chaque jour, j’ai marché au milieu de plantes luxuriantes enchevêtrées à perte de vue. Un ciel bleu souvent, gris parfois, lourd de la chaleur accumulée. Des trombes de pluie s’abattaient sans rafraîchir l’atmosphère. Les arbres dont on ne distinguait plus le tronc couvert de plantes invasives tendaient leurs bras feuillus vers le ciel d’orage. Quelques oiseaux volaient de branche en branche, noires énigmes.
Pour célébrer le soleil enfin revenu, voici le temps des cerises, promesse de folies d’amour chantées dans la première strophe :
Quand nous chanterons le temps des cerises,
Et gai rossignol, et merle moqueur
Seront tous en fête !
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur !
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur.
La fête des Mères approche.
Être mère, est-ce si naturel ?
Le Glaneur d’Oloron-Sainte-Marie, fin du XIXe siècle, rubrique « Extrait du registre de l’état civil » : naissances, mariages, décès. Aux enfants légitimes sont associés les noms des parents mariés et leur profession ou activité. Aux autres, la seule mention « Un enfant naturel », sans prénom ni filiation. Fils ou filles innommés de personne. Comme les enfants mort-nés.
Quelle famille n’avait pas son enfant naturel ? L’un d’eux se promenait dans la mémoire de la mienne, photo à la clé, avec toute une histoire autour : sa fille-mère serait partie en Argentine pour échapper aux médisances du quartier.
Vœux 2025
En cette période d’incertitudes, me revient en mémoire la chanson d’Anne Sylvestre, dont j’ai modifié quelques paroles :
J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J’aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J’aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger
J’aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté
J’aime leur petite chanson
Même s’ils restent dans leur cocon