Original
Je fais benoîtement mes courses dans mon magasin d’alimentation préféré. À la caisse, le vendeur me demande mes nom et prénom pour alimenter en points mon programme fidélité. À l’énoncé de mon prénom, il s’exclame : Maryse, avec un y, c’est très original ! Il a l’air de trouver ça joli aussi.
Mais vous savez, dans les années 60, des Maryse on en trouvait à tous les coins de rue, lui dis-je. Et des Béatrice, des Christine, des Martine, des Jacqueline, des Brigitte, des Claire, des Francine, des Marie-Claude… Et, ajouterais-je si le jeune vendeur m’écoutait encore, des Pierre, des Jean, des Alain, des Paul, des Jacques, des Étienne, des François, des Philippe… Mais il me regarde comme un gentil vestige d’une époque révolue, celle du cinéma en noir et blanc et des speakerines qui annonçaient les programmes à la télé, où Internet n’existait pas et les téléphones avaient des fils reliés au combiné. Celle aussi où les femmes avaient besoin de l’autorisation de leur mari pour ouvrir un compte en banque ou travailler.
La préhistoire. Aujourd’hui, devant mon caddie plein de produits bio, j’ai l’impression d’être un dinosaure.
Et pourtant un passé bien plus lointain est là dans nos écoles, peuplées de Jules, Anatole, Arthur, Valentin, Joseph, Clémence, Louise, Jeanne, Joséphine, Emma…
Quand je croise un de ces enfants, j’ai l’impression de rencontrer un petit grand-père, qui je l’espère, ne finira pas sa vie à vingt ans dans des tranchées boueuses ou une mamie précoce dont la vie ne se résumera pas aux « occupations propres à son sexe » selon la formule des actes d’état civil dans l’Espagne de la fin du XIXe siècle.
Peut-être vers 2070, lorsque ma génération ne sera plus là pour le constater, les maternités seront-elles peuplées de Brigitte, Martine, Sophie, Françoise, Christine, Pierre, Bernard, Patrick, René, Alain… Et qu’une de mes descendantes s’appellera Maryse, ce prénom étant revenu à la mode, so cute !
D’ailleurs, il y a quelques mois, j’ai appris la naissance d’un petit Jean, un prénom très original !
https://www.youtube.com/watch?v=V5Y4bJoaTyE
Coucou Maryse,
Ton article est très intéressant et m’a replongée dans des souvenirs.
Les parents nous donnaient aussi des prénoms d’actrices, d’acteurs de cinéma, de chanteuses ou de chanteurs. Je suis née en 1960 et les Catherine (Deneuve), les Sylvie (Vartan), les Alain (Delon ), les Francoise (Hardy)… abondaient. Ces prénoms étaient à la mode et reflétaient leur époque des années 60.
Mes petits enfants s’appellent : Charline, Victorien, Pénélope, Elise, Léandre… Les prénoms des grands-parents reviennent sur le marché!
Un autre dinosaure !
Merci, Maryse, de ta réflexion sur les prénoms !
J’ai constaté comme toi le recyclage de prénoms anciens. Mais pour le moment les prénoms composés comme le mien, Marie-AutrePrénom, bien en vogue après la guerre de 1939-45, permettant de situer l’âge de la personne, n’ont pas de reprise… et cela se comprend bien !
Bonnes vacances !
Sí, los nombres cambian como las modas y la cultura dominante. En la España de los 50/60, donde todavía se escribía « Tareas del Hogar » o « Ama de Casa » en el carnet de identidad de la mayoría de las mujeres, las tres hijas mayores nos llamamos María Begoña, María Isabel y María Carmen, por orden de la iglesia católica.
Mis nietos, Jan Katari y Lua Kalila, son el cruce de grupos étnicos y culturas variadas, desde Ecuador a Egipto. Cambia, todo cambia. Ellos, en su día, también serán dinosaurios.
Un abrazo desde el Sur!
Traduction (ME) : Oui, les noms changent comme les modes et la culture dominante. Dans l’Espagne des années 50/60, où « Tâches ménagères » ou « Femme au foyer » était encore inscrites sur la carte d’identité de la plupart des femmes, les trois filles aînées de ma famille se sont appelées María Begoña, María Isabel et María Carmen : l’Église catolique régnait.
Mes petits-enfants, Jan Katari et Lua Kalila, sont au carrefour d’ethnies et de cultures variées, de l’Équateur à l’Égypte. Les choses changent, tout change. Eux-mêmes, plus tard, seront aussi des dinosaures.
Un salut affectueux du Sud !
Bonjour Maryse et lecteurs et lectrices du blog ! Heureusement que l’anniversaire de Martine est venu éclairer les raisons d’attribution des prénoms. Nos prénoms, je veux parler de notre génération des années 1940-1950, celle des boomers, étaient attribués par transmission. Celle des anciens. Ainsi je porte celui de mon grand-père, ma sœur celui de sa grand-mère, et notre petit-frère, né en 1955, a eu la chance d’échapper à la règle. Nous n’en connaissons pas la raison ! Au passage je me suis souvent indigné (même si j’adorais ce grand-père qui « vit » toujours à travers moi) du fait que les parents, adultes éclairés, n’avaient pas droit au chapitre !
Mais les choses ont vraiment changé : vous vous souvenez de l’affaire des parents très professionnels qui voulaient prénommer leur fille Mégane il y a une vingtaine d’années (Monsieur travaillait sur la voiture Renault du même nom) et d’autres Renault justement pour un garçon ! Ils ont été déboutés par le Conseil d’État après un conflit des plus rigolos !!!!
Désormais les responsables des mairies sont tenus d’enregistrer les prénoms que les parents viennent déclarer pour leur enfant sauf s’ils sont contraires selon eux à l’ordre public ou à l’intérêt de l’enfant ! La liberté de créativité dès lors est grande : mais vous constaterez qu’elle atteint parfois des sommets d’imagination ! Pensons aux enfants porteurs de ces prénoms face à leurs familles, copains-copines, employeurs, etc… et non seulement pour remplir l’identité de la future gagnante du voyage exotique proposé par l’épicier du coin !
Entre ces 2 époques , dans les années 1990-2000 nous avons entendu des prénoms d’enfants attribués le plus souvent par des parents admiratifs de sport (souvent des footeux), des vedettes de la musique et du music-hall… peu souvent prénommées Maryse ; ton prénom ma chère est donc so original avec un y comme avec un i !!!
Chers amis, merci pour vos commentaires qui enrichissent le propos de ce billet ! Oui, les motivations dans l’attribution des prénoms sont diverses, cela me fait penser aux nombreux Vladimir, Joseph ou Youri, issus de l’actualité soviétique à une certaine époque, ou aux Sue Ellen, Starsky et Hutch (authentique) issus d’un tout autre univers… Finalement, Maryse ou Brigitte, c’est pas si mal !