Festival Hors limites en Seine-Saint-Denis : samedi 6 avril, à la bibliothèque des Lilas, j’ai lu un extrait de ma nouvelle « À l’origine »*, inspirée de la vie d’une sœur de ma grand-mère, émigrée en Argentine au tout début du XXe siècle. Lorsque l’extrait commence, Saturnina arrive à Buenos Aires sur le Giulio Cesare, un jour de novembre 1926.
Accoudée au bastingage, tout près du quai maintenant, Saturnina se souvient de ce jour du printemps 1906 où, par l’entremise d’Anselmo, elle fut introduite dans le salon privé de la maîtresse de la maison Baldiano. Elle tremblait en présentant à Doña Juana la lettre de recommandation du curé de la paroisse de San Bernardo : Je vous recommande cette paroissienne, bonne chrétienne, modeste et de conduite irréprochable, qui ne manque aucun office religieux… La sévère Juana l’avait toisée, questionnée, observée. Et avait finalement décidé de faire confiance au curé et à Anselmo en prenant à l’essai cette femme menue, silencieuse, effacée, dont la patronne, Madame Pellegrini, avait dit le plus grand bien.
Pendant les douze années passées au service des Baldiano, elle devint une parfaite femme de chambre. Les filles Baldiano ne s’apercevaient guère de sa présence silencieuse, sauf María Isabel, qui la saluait le matin, la remerciait pour les draps impeccablement repliés sur le lit et les chemises de dentelle fine que Saturnina repassait pour elle. Elle finit même par l’appeler par son prénom, ou par une partie de son prénom. Saturnina c’est trop compliqué lui avait-elle dit lorsqu’elle avait paru remarquer sa présence, tu seras Nina, c’est plus simple. Lire la suite
Quand les Français émigraient… Vendredi 14 décembre prochain, Maison de l’Amérique latine à Paris, film – recueil de nouvelles – débat sur l’émigration béarnaise en Argentine.
Entrée libre, réservation au 01 45 72 09 08 et casasantafe@yahoo.fr
Béarnais, Béarnaises, habitants de la région ou de passage, rendez-vous mardi 20 février à 18 h à la librairie Tonnet, 3 bis Place Marguerite Laborde à Pau, pour la présentation du recueil « Nouvelles du Rio de la Plata, écrits de descendants d’émigrés pyrénéens ». Fictions, témoignages ? Peu importe, ou les deux à la fois. Lorsque nous […]
Vient de sortir : Nouvelles du Rio de la Plata, écrites par des descendants de Pyrénéens émigrés en Argentine dans le courant du XIXe et au début du XXe siècle.
Ces textes ont été proposés dans le cadre d’un concours de nouvelles organisé par l’association Bearn Argentina, basée à Pau.
140 pages de textes en français, castillan et occitan, écrits par des Français et des Argentins, fil de la mémoire tendu entre les deux continents, racines toujours vivantes !
Le recueil est disponible en envoyant un chèque de 13 € au siège de Bearn Argentina, 23 avenue de la Résistance, 64000 Pau, ou en vente directe à 10 €. On pourra bientôt l’acheter sur le site rénové de l’association.
Il est en vente à Paris : librairie Publico, 145 rue Amelot (11e) et librairie Palimpseste, 16 rue Santeuil (5e).
Prochainement des extraits sur ce blog… Lire la suite
Dimanche 30 avril « Où va la formation des enseignants ? » sera présent au salon du livre de critique sociale de Lille, à Volume ouvert, 11-13 rue d’Avesnes, de 14h à 19h, avec les éditions Pétra (et d’autres!)
https://lille.demosphere.eu/rv/5196
Le lendemain lundi 1er mai, nous serons au salon du livre « Colères du présent » sur la Grand-Place d’Arras, de 10h à 19h.
Voici une présentation de mon dernier ouvrage, paru le 22 mars dernier, éditions Petra, (Paris) :
Comment former les enseignants ? Trois ans après leur mise en place, les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE), sont-elles à même de remplir leurs missions ?
Pour répondre à cette question, revenons aux dernières années d’existence des Instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) : la réforme de 2010 institue l’obligation d’un master pour devenir enseignant titulaire et les stages en école ou en collège et lycée sont drastiquement réduits pendant la formation initiale. Surcharge de travail, bachotage effréné, désagrégation du lien théorie/pratique, dérégulation des statuts des enseignants, émiettement des solidarités, passage de l’IUFM à l’ESPE dans la précipitation et l’improvisation, sont au cœur de ce livre, racontés et analysés par l’auteure, de l’intérieur de l’IUFM du Nord Pas-de-Calais devenu aujourd’hui l’ESPE Lille Nord de France.
Les stages sont aujourd’hui rétablis en deuxième année de formation en ESPE mais il reste des points qui méritent débat : le recrutement des futurs enseignants, leur formation encore très dense sur un temps court, la formation de leurs formateurs, l’entrée dans le métier…
Loin des recettes miracle ou des propositions de dispositifs clés en mains, cet essai ouvre des perspectives à la hauteur des multiples défis de la formation des enseignants et de l’éducation de la jeunesse aujourd’hui.
https://www.editionspetra.fr/
Quelques extraits suivront d’ici peu…
Du 12 au 14 avril 2013, dans une galerie parisienne, Marie Raynal a exposé ses photos et j’ai ajouté quelques écrits. Nous avons fait un petit livre de cette exposition, qui commence par ce texte :
Mon enfance n’a pas été marquée par une grande animation.
Petite fille solitaire dans une maison silencieuse
où venaient peu d’amis,
que mes parents du reste ne recherchaient pas,
je regardais par la fenêtre de ma chambre,
et j’y voyais un jardin, des arbres fruitiers, d’autres maisons
aussi coites que la mienne
et au loin, encore des arbres. Lire la suite
Extrait d’un article paru dans la revue Aspiration (association Asperger amitié) n° 7, septembre 2015, p. 18
Un jour de mars 2013, je sors d’un cours sur les « élèves à besoins éducatifs particuliers », que je viens de donner aux futurs professeurs des écoles, à l’Institut universitaire de formation des maîtres d’Arras (IUFM). Devant l’entrée de la gare, des lycéens attendent le bus. Ils sont assis sous l’abribus et sur un parapet près de l’escalier qui mène aux quais, ou debout en train de fumer des cigarettes. Certains rient entre eux.
Publié sur le site « Raconter la vie » sous le titre « Un poste en fac » février 2014.
Un soir de janvier 2012. Pas grand monde ce soir dans le TGV Lille Paris. Je reviens d’une conférence-débat sur « Les conséquences de la précarité sur l’enfant, sa famille et son environnement ». J’y intervenais avec une jeune maîtresse de conférences, docteure en psychologie du développement.
Les TGV qui circulent entre Paris et le nord de la France me sont familiers. Je fais plusieurs fois par semaine des allers-retours entre Paris et l’IUFM d’Arras (Institut universitaire de formation des maîtres) où je suis enseignante- chercheure (une autre manière de désigner les maîtresses de conférences).
Après la conférence, les organisateurs nous ont invitées au restaurant près de la gare et j’ai pris une truite au pastis. À Lille. Elle était très bonne.
Ambiance feutrée dans la voiture 15 du TGV, il est presque 22 heures. Je me cale dans mon siège et m’apprête à corriger des copies d’examen du module du Master 2 « Métiers de l’enseignement, de l’éducation et de la formation » de l’IUFM intitulé « Élèves à besoins éducatifs particuliers », quand surgit au-dessus du dossier d’un siège devant moi, le visage rond et barbu de Régis et avec lui un souvenir amer vieux de dix-sept ans. Lire la suite