Ensemble
Nef solitaire aux chaises vides, la cathédrale a le bourdon, le silence passe dans les rangées.
Chacun pour soi, on ne se voit pas, juste de dos ou de côté.
Les fidèles sont dispersés.
Cet auteur n’a pas encore écrit sa bio.
Mais nous sommes fiers de dire que Maryse Esterle a déjà contribué aux publications 184.
Nef solitaire aux chaises vides, la cathédrale a le bourdon, le silence passe dans les rangées.
Chacun pour soi, on ne se voit pas, juste de dos ou de côté.
Les fidèles sont dispersés.
Il paraît que le télétravail c’est formidable. Plus de trajets, chacun son rythme, pas de risque de contamination.
Pendant quatorze ans, j’ai enseigné à l’Institut universitaire de formation des maîtres du Nord Pas-de-Calais. Plusieurs fois par semaine, je partais de Paris très tôt le matin et j’arrivais déjà fatiguée pour donner mon premier cours de la journée. Je dormais comme une souche dans le TGV qui me ramenait chez moi le soir. Pourtant, avant qu’une réforme vienne balayer le travail d’équipe et les formations que nous avions patiemment construites au fil des années, j’entrais avec plaisir dans les locaux de l’ancienne école normale d’Arras. Je savais que j’allais y retrouver mes collègues.
Ma fille est née au début des années 1980. Son père et moi lui avons donné un prénom d’épice et de sucre qui reflète la couleur ambrée de sa peau, alliage des deux nôtres. Un jour de printemps, elle avait à peine deux ans, je suis partie me promener avec elle au Forum des Halles. Un orchestre jouait un air de samba sur le parvis. Nous nous sommes assises à côté l’une de l’autre pour écouter les musiciens sur les marches d’un petit escalier, au milieu des spectateurs de ce concert improvisé.
Il y a plus de deux siècles, Xavier de Maistre, mis aux arrêts pendant quarante-deux jours dans la citadelle de Turin, écrivit « Voyage autour de ma chambre », son journal de reclus temporaire. Il trouva le moyen de s’évader en pensée, comme beaucoup d’entre nous pendant ces deux derniers mois, avec plus ou moins de bonheur selon les cas…
Il y a quelques années, ma mère fut hospitalisée dans l’annexe gériatrique d’un hôpital du Pays basque à la suite d’un accident vasculaire cérébral. Je venais souvent la voir depuis Paris.
Quand j’arrivais, l’accent des soignants, des visiteurs et des quelques patients qui parlaient encore m’enveloppait. À les écouter, je me sentais comme emmitouflée dans une couverture en laine des Pyrénées…
Non, je ne ferai pas le journal de mon confinement…
Dans ce matin d’hiver glacé, un homme pêche à la ligne sur un trottoir. Pêche aux sous, sa canne fait un arc de cercle vers le trottoir et le petit gobelet rouge se balance devant les passants. On ne voit que ses yeux qui dépassent de la capuche.
En ce jour de grève générale des transports, j’ai retrouvé un texte que j’avais écrit en décembre 1995, lors de la grève qui avait fait reculer le gouvernement d’Alain Juppé sur la réforme des retraites et de la Sécurité sociale. J’étais à l’époque formatrice et chercheure dans un institut régional de travail social situé en banlieue […]