Chat mystère à San Telmo, Buenos Aires
Chanteuse en majesté et danseurs inspirés au café Tortoni, un soir d’été à Buenos Aires.
Quand ma mère est venue au monde, il y a un siècle, elle s’appela Marie Puyou, c’est-à-dire qu’elle porta le prénom que ses parents lui avaient donné et le nom de son père. C’était le cas de tous les enfants de parents mariés à l’époque. Puis elle se maria à son tour et même si légalement elle s’appelait toujours Mademoiselle Marie Puyou, elle devint Madame Fernand Esterle pour ses amis, ses collègues, son employeur et nombre d’administrations. Et comme elle, en se mariant, des millions de femmes perdaient leur prénom d’origine et prenaient celui de Raoul, Gaston, François ou Paul. Leur identité était littéralement effacée par un usage qu’aucune loi ne vint confirmer mais qui s’imposait comme une évidence. La plupart des intéressées en étaient fières et les jeunes filles s’exerçaient à signer du nom de leur futur époux ou de celui avec qui elles convoitaient un mariage.
En route vers l’IUFM, janvier 2013, tôt. Ce matin j’étrenne une nouvelle sacoche, légère comme une plume, plus maniable que la précédente. À chaque départ, mes premiers pas annoncent la journée : serai-je en forme aujourd’hui, ou la fatigue pesante alourdit-elle déjà le trajet ? Comme dans une sévillane où les notes préliminaires indiquent le […]
Quelques mois plus tard, une autre photo de classe… Mai 68 est passé par là, les blouses ont volé par-dessus les murs du lycée, nous n’en devînmes ni plus pauvres ni plus riches pour autant, mais nous eûmes des opinions : de droite, de gauche, d’extrême-gauche, du centre (celles-là étaient plutôt mal à l’aise), avec des […]
Sale coup
« Béatrice, encore dissipée ! Va au coin ! Martine et Sylvie, vous copierez cinquante fois pour demain : « Je ne bavarde pas avec mes camarades pendant la leçon ! ». Béatrice baisse le nez, vexée de rester au piquet quand la classe sort en récréation. Martine et Sylvie voient s’envoler leur paisible goûter à la maison, elles devront en outre supporter les réflexions aigres-douces de leurs parents : « Tu ne peux pas te tenir tranquille à la fin ! Tu es privée de dessert pour la peine ! ».
Nous autres, les élèves sages ce jour-là, nous gloussons d’être passées entre les gouttes et ne prêtons guère attention aux trois ou quatre punies de la journée. Nous sommes à la fin des années 50, dans l’école primaire d’un lycée de filles public de la banlieue ouest de Paris. J’ai neuf ans.