Huit heures du soir. L’avion vole au-dessus de l’océan, il a dépassé le Brésil. Moment entre deux continents, ici ailleurs, passé présent. Nous sommes français, argentins, russes, américains. Personne ne peut s’échapper de ce navire volant (le chef de cabine nous a parlé de croisière) et nous formons une communauté éphémère où la bagarre est […]
Chanteuse en majesté et danseurs inspirés au café Tortoni, un soir d’été à Buenos Aires.
Quand ma mère est venue au monde, il y a un siècle, elle s’appela Marie Puyou, c’est-à-dire qu’elle porta le prénom que ses parents lui avaient donné et le nom de son père. C’était le cas de tous les enfants de parents mariés à l’époque. Puis elle se maria à son tour et même si légalement elle s’appelait toujours Mademoiselle Marie Puyou, elle devint Madame Fernand Esterle pour ses amis, ses collègues, son employeur et nombre d’administrations. Et comme elle, en se mariant, des millions de femmes perdaient leur prénom d’origine et prenaient celui de Raoul, Gaston, François ou Paul. Leur identité était littéralement effacée par un usage qu’aucune loi ne vint confirmer mais qui s’imposait comme une évidence. La plupart des intéressées en étaient fières et les jeunes filles s’exerçaient à signer du nom de leur futur époux ou de celui avec qui elles convoitaient un mariage.
En route vers l’IUFM, janvier 2013, tôt. Ce matin j’étrenne une nouvelle sacoche, légère comme une plume, plus maniable que la précédente. À chaque départ, mes premiers pas annoncent la journée : serai-je en forme aujourd’hui, ou la fatigue pesante alourdit-elle déjà le trajet ? Comme dans une sévillane où les notes préliminaires indiquent le […]
Original
Je fais benoîtement mes courses dans mon magasin d’alimentation préféré. À la caisse, le vendeur me demande mes nom et prénom pour alimenter en points mon programme fidélité. À l’énoncé de mon prénom, il s’exclame : Maryse, avec un y, c’est très original ! Il a l’air de trouver ça joli aussi.
Mais vous savez, dans les années 1960, des Maryse on en trouvait à tous les coins de rue, lui dis-je. Et des Béatrice, des Christine, des Martine, des Jacqueline, des Brigitte, des Claire, des Francine, des Marie-Claude… Et, ajouterais-je si le jeune vendeur m’écoutait encore, des Pierre, des Jean, des Alain, des Paul, des Jacques, des Étienne, des François, des Philippe…