Chat mystère à San Telmo, Buenos Aires
Chanteuse en majesté et danseurs inspirés au café Tortoni, un soir d’été à Buenos Aires.
Quand ma mère est venue au monde, il y a un siècle, elle s’appela Marie Puyou, c’est-à-dire qu’elle porta le prénom que ses parents lui avaient donné et le nom de son père. C’était le cas de tous les enfants de parents mariés à l’époque. Puis elle se maria à son tour et même si légalement elle s’appelait toujours Mademoiselle Marie Puyou, elle devint Madame Fernand Esterle pour ses amis, ses collègues, son employeur et nombre d’administrations. Et comme elle, en se mariant, des millions de femmes perdaient leur prénom d’origine et prenaient celui de Raoul, Gaston, François ou Paul. Leur identité était littéralement effacée par un usage qu’aucune loi ne vint confirmer mais qui s’imposait comme une évidence. La plupart des intéressées en étaient fières et les jeunes filles s’exerçaient à signer du nom de leur futur époux ou de celui avec qui elles convoitaient un mariage.
En route vers l’IUFM, janvier 2013, tôt. Ce matin j’étrenne une nouvelle sacoche, légère comme une plume, plus maniable que la précédente. À chaque départ, mes premiers pas annoncent la journée : serai-je en forme aujourd’hui, ou la fatigue pesante alourdit-elle déjà le trajet ? Comme dans une sévillane où les notes préliminaires indiquent le […]
Quelques mois plus tard, une autre photo de classe… Mai 68 est passé par là, les blouses ont volé par-dessus les murs du lycée, nous n’en devînmes ni plus pauvres ni plus riches pour autant, mais nous eûmes des opinions : de droite, de gauche, d’extrême-gauche, du centre (celles-là étaient plutôt mal à l’aise), avec des […]
Effacement
Lorsque ma grand-mère Generosa mourut à 64 ans, en 1947, sa fille aînée Marie-Thérèse, restée auprès d’elle, écrivit à ma mère. Elle raconte dans cette lettre émouvante la fin de ma grand-mère et conclut par ces mots :
« On ne sait pas ce qu’est la souffrance quand on ne connaît pas la perte d’un membre de sa famille et surtout d’une maman comme la nôtre. Quel dévouement infini et quel effacement ! Que de regrets pour nous ! Bises très affectueuses de nous tous ».
Cette expression : « Quel dévouement infini et quel effacement ! » m’a marquée lorsque j’ai lu cette lettre vers l’âge de dix ans. Ainsi, le dévouement infini et l’effacement étaient des qualités féminines dignes d’admiration pour ma tante et une bonne partie de la société qui l‘entourait ?