Terre lointaine

J’ai passé l’été à l’autre bout du monde. Chaque jour, j’ai marché au milieu de plantes luxuriantes enchevêtrées à perte de vue. Un ciel bleu souvent, gris parfois, lourd de la chaleur accumulée. Des trombes de  pluie s’abattaient sans rafraîchir l’atmosphère. Les arbres dont on ne distinguait plus le tronc couvert de plantes invasives tendaient leurs bras feuillus vers le ciel d’orage. Quelques oiseaux volaient de branche en branche, noires énigmes.

Frémissements dans le sous-bois. Renard, puma, serpent multicolore, simple couleuvre ? Quels temples engloutis cette forêt sauvage cache-t-elle ? Quelles religions oubliées y ont-elles laissé leurs vestiges ? Cet arbre a bougé depuis hier, la branche qui surplombait mes pas est écroulée sur le sol, me barrant la route. Je la contourne en me frayant un chemin près des buissons, d’où peut jaillir un rongeur géant, un crotale, un chat ? Est-ce un rêve, ou un canidé au balancement silencieux marche-t-il à mon pas, tout près de moi dans la forêt profonde, froissant à peine le sol de ses pattes ?

Terre inconnue du monde, ignorée des guides touristiques, nature vierge observant les humains. Je la traverse par effraction, admirative et frissonnante.

Quand je rentrerai chez moi, je me souviendrai longtemps de l’été passé en terre lointaine, entre Romainville et Noisy-le-Sec.

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