Un soir de mars 2013, Paris, place de la Nation, tout près des colonnes du Trône. C’est l’heure où les SDF cherchent à se nicher dans les coins pour dormir. Il fait encore froid, c’est le début du printemps pourtant. Bizarre sur ce banc, ce gros paquet vibrant recouvert d’une bâche de plastique bleue. A côté, des baluchons de plastique.
Quelqu’un tremble-t-il de froid là-dedans ?
Le paquet frémit à nouveau, spasmodique, dans sa partie la plus bombée. Et je comprends. Là, à deux pas d’un café et d’une bouche de métro, dans cette nuit froide de mars, deux miséreux baisent en silence sous une bâche.
Amants transis des colonnes du Trône, mon cœur se serre avec le vôtre dans la nuit sombre de Paris, chambre d’hôtel plastifiée de la moitié d’un mètre carré, misère bleue crissante et froide.
Maryse Esterle