Pétrifié
Boulevard du Montparnasse à Paris, un samedi de décembre 2016, il fait froid.
Je suis pressée, je vais à la séance matinale d’un cinéma du quartier et je ne veux pas rater le début. Il est assis là, posé sur le trottoir, son sac à côté de lui, au bord d’une sortie de voiture. Je le vois d’abord de face, un homme jeune, aux yeux sans regard, le visage immobile encadré par la capuche de son anorak. Pas la moindre sébile devant lui pour faire la manche, ce n’est de toute façon pas un lieu très adapté.
En sortant du cinéma, trois heures et un débat animé plus tard, je le retrouve de dos, dans la même position. Il y restera sans doute longtemps, corps pétrifié qui ne demande rien, visage engourdi, très loin de nous.