Un samedi soir de printemps à Barcelone, elles chantent sur scène, la rousse lance ses kilos avec bravoure sous les projecteurs et personne ne songe à en rire. Le quartier est là, des plus vieux aux bébés, les chicas reprennent les chansons en secouant leurs longs cheveux, les latinos sont venus en famille, les septuagénaires tournent sur la piste de danse et un tout seul, fasciné, vaincu par ces chanteuses en robe pailletée, l’une rouge, l’autre noire, ne voit qu’elles, bras tendus, illuminé, un funambule amoureux d’une étoile. Un homme chante avec elles aussi, les mots résonnent :
Resistiré para seguir viviendo
Soportaré los golpes y jamás me rendiré
Y aunque los sueños se me rompan en pedazos
Resistiré, resistiré…
Je résisterai pour continuer à vivre, je supporterai les coups et jamais ne me rendrai, et même si mes rêves volent en éclats, je résisterai, je résisterai !
Allez, on continue ensemble, tous ensemble ! appelle la chanteuse en robe noire.
En les écoutant, en les regardant, en les filmant, je me dis qu’Ils sont loin, loin, loin, les Macron, Fillon, Bayrou, Blanquer, Le Pen… Et je respire, je RES-PI-RE !