Obscure clarté
La poésie enchante nos vies. Elle apparaît au détour d’une rue, d’un regard, d’une parole et éclaire un présent trop souvent gris et morne. Elle enchaîne des mots qui d’ordinaire ne cohabitent pas, de délicats oxymores font passer les idées de l’ombre à la lumière, jouent avec la langue, teintent le réel d’autres couleurs.
Des oxymores, il y en a, en ce moment…
Les gestes barrières
Les vacances apprenantes
La plage dynamique
La distanciation sociale
Le masque inclusif
La liesse raisonnable
La pédagogie en distanciel
La discipline sanitaire…
Et aussi des phrases oxymoriques :
Vous êtes malade ? Restez chez vous !
Quand on aime ses proches, on ne s’approche pas trop.
En cas de reconfinement, il s’agira d’organiser le soutien aux personnes vulnérables dans l’aide à l’isolement.
Pour ce qui est d’un vaccin, nous pouvons être raisonnablement optimistes, mais il faut se garder d’être trop enthousiastes.*
Dans ce monde cul par-dessus-tête, les poètes du ministère et de la préfecture tombent l’habit, desserrent leur cravate et ne gardent du langage que ses éléments. Douce violence de la cruauté sanitaire, visage bleu ciel jeté par terre, nous vivrons vieux et solitaires, raison perdue, médiatique panique.
*Tous les termes ou phrases cités sont authentiques, lus ou entendus dans les médias.
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Ces oxymores ne sont que le reflet de ce que ce gouvernement met en place depuis plus de trois ans : le « en même temps » est un oxymore en soi. Ni gauche ni droite, protection affichée des plus faibles et avantages fiscaux aux plus riches, et la liste pourrait être longue. Cela dit, en ce qui concerne l’épidémie de coronavirus, on ne nous fait pas subir de douce violence. Pas d’oxymore là, juste une véritable violence à notre intelligence.
En effet, et je me demande comment cela se passe dans d’autres pays touchés par ce virus. Cette même sémantique y est-elle utilisée ? Ah, ces oxymores que le monde entier nous envie…
Dans les années 90, un célèbre animateur télé de l’époque concluait chacune de ses émissions par un » Sortez couverts » qui nous incitait à mettre sous capuche ce petit rien par lequel une terrible épidémie était en train de terrasser une partie de l’humanité.
La formule était sympathique mais les derniers nés des baby- boomers, forcément post- soixante-huitards, y voyaient le risque d’une part de leur liberté rognée.
30 ans plus tard, et alors qu’aucun élément scientifique n’a mis en évidence un quelconque danger à ce propos, on nous intime de sortir systématiquement dans la rue en se voilant la moitié de la face, voire de ne plus sortir du tout.
Le « Restez chez vous » de ces mêmes années 90 est désormais quotidiennement insinué par les bouches de ceux qui nous gouvernent.
On peut décidément tout dire, sans gêne, dans le nouveau monde.
Pourvu que ce soit derrière un masque.
On peut lire aussi les conseils de faire l’amour avec un masque lorsque le partenaire ne fait pas partie du cercle habituel de ses relations, d’utiliser une digue dentaire et de choisir des « positions stratégiques » pendant l’acte. Les mêmes recommandent les sex-toys, la masturbation et le sexe en ligne.
Tous conseils fort réalistes bien entendu.
De quoi ajouter une touche de romantisme au tableau.