Bal masqué
Ce soir j’ai croisé Cruella dans le métro parisien. Elle était habillée en noir de la casquette au bout des bottes, et sur la peau très blanche de son visage un masque noir se détachait. Elle portait un pantalon à très grandes poches et une veste droite ; elle regardait devant elle sans ciller, debout contre la barre centrale de la plate-forme, statuette obscure dressée dans la rame.
Plus tard je me suis assise en face d’un jeune homme, capuche sur la tête, masque blanc avec un petit bouchon sur le visage, blouson de cuir, un sac à dos sur la poitrine et un roman de science-fiction dans les mains gantées de noir. Ses gants étaient percés et on apercevait le bout de ses doigts qui tenaient le livre. Avec le front et les yeux, c’est tout ce qu’on voyait de lui.
Autour de nous, des masques blancs, bleu clair ou bariolés se penchaient sur des téléphones portables, attentifs aux petits bonshommes sautillant de haut en bas de l’écran, ou pianotaient des messages urgents. Des fils blancs pendaient de leurs oreilles ; un silence étouffé planait sur le métro, yeux baissés, regards vides jamais croisés, propreté, distance, éradication, perfection.
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Il y a dans ces mesures de protection sanitaire quelque chose de bien effrayant. Ce n’est pas seulement la disproportion entre ces mesures – obligation de porter des masques dont plusieurs spécialistes doutent de leur efficacité en extérieur notamment – et les risques réels, mais la docilité des usagers que l’on peut dénommer ici « administrés » à se conformer aux règles édictées. Cela en dit long sur notre société. J’ai une fois doublé une voiture qui roulait à 70 km/h sur une voie libre où la circulation était limitée à 90 km/h. Le chauffeur, qui ne faisait pas partie des plus de 65 ans, roulait fenêtres fermées et portait un masque qui lui cachait le nez et la bouche. J’espère que l’on sortira de cette nasse et que l’on redeviendra enfin les gaulois réfractaires tant décriés par… Je ne me rappelle plus son nom. Je crois qu’on en prend doucement le chemin.
En effet tout cela est bien déconcertant, comme ces cyclistes qui portent un masque alors même que cela n’est pas obligatoire… Ils ne sont pas nombreux mais quand même… Mais c’est difficile de garder son bon sens par les temps qui courent !
Baile de máscaras es un título muy adecuado para describir estos tiempos desconcertantes! Como en lo carnavales de antaño, sólo que en esas fiestas las máscaras eran promesas de magia o misterio, ahora no son más que distancia.
Traduction : Bal masqué est un titre très adéquat en ces temps déconcertants ! Comme dans les carnavals d’autrefois, sauf que les masques étaient alors promesse de magie et de mystère, et maintenant ils ne sont que distance.