La trace du poète
Le poète ne sert à rien
Comme les fleurs dans un jardin
L’éclat de la rosée dans le petit matin
Le vol des alouettes et des palombes douces.
Le poète n‘est pas d’un bon rapport ni coté en Bourse
D’ailleurs il ne gagne pas beaucoup de sous.
Et pourtant sans poèmes, si dure serait la vie
Si plates nos journées, si pâles nos émois.
Nous ne pourrions que dire : « oh ! C’est beau ! » devant un paysage
Ou « qu’il est mignon » en voyant un animal ou un enfant joli.
Mais le poète est là et des années après
Il chante l’âne si doux marchant le long des houx
Il va près des fossés d’un petit pas cassé.
Et
Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s’amusent au parterre
Le poète prend la voix de rocaille du chanteur éternel et je chante avec lui, impensable,
Par l’herbe qui a soif et recueille l’ondée,
Par le baiser perdu par l’amour redonné,
Je vous salue Marie.
Par la vertu qui lutte et celle qui succombe, il rend le ciel aimable, on finirait par y croire, même si on n’y croit pas.
Surtout si, au détour de l’angélus clair et bleu comme un lilas, il nous parle d’amour en chrétien sensuel :
Prends-moi entre tes bras. Je ne peux plus qu’aimer
et ma chair est en air, en feu et en lumière,
et je veux te serrer comme un arbre un lierre.
Les troupeaux de l’Automne vont aux feuilles jaunes,
la tanche d’or à l’eau et la beauté aux femmes
et le corps va au corps et l‘âme va à l’âme.
Il n’est pas mort le poète, chantant les Pyrénées plus lumineuses que du verre et la ville de Pau à l’éventail d’azur posé sur les montagnes. Il murmure toujours :
Les ombres d’Ursuya veilleront sur mon corps.
À l’heure où le soleil dans la mer va descendre,
Tu ne posséderas Orthez, rien de ma cendre,
Pourtant Orthez, pourtant, ô toi que j’ai laissé,
Tu m’as connu petit enfant et m’a bercé ;
Le poète dit le temps qui passe, l’amour, les animaux des champs, le labeur incessant, la douceur des adieux, il est lumière parmi les étoiles.
Les parties du texte en italiques sont des extraits de poèmes de Francis Jammes publiés dans De l’Angélus de l’aube à l’Angélus du soir et le livret Le Sud-Ouest de Francis Jammes.
Merci Maryse pour tes mots. Tu me donnes l’impérieux désir de lire Francis Jammes. Je connais sa maison (natale je crois) à Tournay, dans les Hautes-Pyrénées, mais je ne l’ai jamais vraiment lu. Je pensais même que « l’âne si doux marchant le long des houx » était de René-Guy Cadou, c’est dire mon ignorance ! Et le texte du « Je vous salue Marie » si bien adapté par Brassens est une merveille !
Merci encore et à bientôt.
Pascal
Oui en effet, il est né à Tournay et a vécu à Orthez puis Hasparren au Pays basque.
Je vais coanimer un soirée autour du poète à la Maison de la Nouvelle-Aquitaine à Paris le 12 avril prochain, cela m’a donné l’idée d’évoquer ce beau poète.
À bientôt !
J’aime tellement ce poète que notre père nous a fait connaître dès notre plus jeune âge, que j’ai toujours eu le sentiment qu’il était un vieil oncle béarnais que nous allions rencontrer autrefois, dans notre enfance. La nostalgie qui m’habite a ses racines à Hasparen…
Poesía de Gabriela Mistral, Premio Nobel de Literatura 1945:
¡De qué quiere Usted la imagen? Preguntó el imaginero:
Tenemos santos de pino,
Hay imágenes de yeso,
Mire este Cristo yacente,
Madera de puro cedro,
Depende de quién la encarga,
Una familia o un templo,
O si el único objetivo
Es ponerla en un museo.
Déjeme, pues, que le explique,
Lo que de verdad deseo.
Yo necesito una imagen
De Jesús El Galileo,
Que refleje su fracaso
Intentando un mundo nuevo,
Que conmueva las conciencias
Y cambie los pensamientos,
Yo no la quiero encerrada
En iglesias y conventos.
Ni en casa de una familia
Para presidir sus rezos,
No es para llevarla en andas
Cargada por costaleros,
Yo quiero una imagen viva
De un Jesús Hombre sufriendo,
Que ilumine a quien la mire
El corazón y el cerebro.
Que den ganas de bajarlo
De su cruz y del tormento,
Y quien contemple esa imagen
No quede mirando un muerto,
Ni que con ojos de artista
Sólo contemple un objeto,
Ante el que exclame admirado
¡Qué torturado mas bello!.
Perdóneme si le digo,
Responde el imaginero,
Que aquí no hallará seguro
La imagen del Nazareno.
Vaya a buscarla en las calles
Entre las gentes sin techo,
En hospicios y hospitales
Donde haya gente muriendo
En los centros de acogida
En que abandonan a viejos,
En el pueblo marginado,
Entre los niños hambrientos,
En mujeres maltratadas,
En personas sin empleo.
Pero la imagen de Cristo
No la busque en los museos,
No la busque en las estatuas,
En los altares y templos.
Ni siga en las procesiones
Los pasos del Nazareno,
No la busque de madera,
De bronce de piedra o yeso,
¡mejor busque entre los pobres
Su imagen de carne y hueso!
_Gabriela Mistral
Merci pour ce beau poème de Gabriela Mistral, Patricia, qui aurait enchanté Francis Jammes. Lui aussi cherchait la figure christique à travers la vie et les souffrances de tous les jours. La chanson La prière, tirée de la Méditation des mystères joyeux, en témoigne.Ces paroles très connotées religieusement ont été chantées par Georges Brassens, qui n’était pas croyant mais dont les valeurs de simplicité n’étaient pas si éloignées de celles du poète.
Francis Jammes est un poète qui nous ferait aimer Dieu tant sa poésie déborde de sensualité et d’amour de la nature. On peut chanter « La prière » mise en musique par Brassens sans croire en Dieu tant les élans du cœur sont sincères et beaux.