Au bout du chemin, Ignacio apercevait le clocher de l’église et le toit des maisons de son village au creux du vallon. À l’époque où il y vivait avec sa famille, les rues étaient encaissées, les maisons serrées les unes contre les autres. De hautes cheminées cylindriques (tronconiques) dominaient les toits comme dans tout le Haut-Aragon. Depuis on a ouvert des places, dégagé des espaces, pavé les rues, installé des lampadaires.
Beaucoup de gens ont dans le cœur un village où ont vécu leurs antepasados, dans leur pays ou dans un autre. Un village spécial, qui ne ressemble à aucun autre, où les murs, les toits des maisons, la fontaine sur la place, le lieu où l’on prie, les champs autour leur content mille choses du passé, où la puissance des pierres contracte le temps et rend leur jeunesse à ceux qui y vécurent avant eux. Un village où ils reviennent chercher la douceur du berceau originel, quelque chose des ancêtres disparus, une familiarité avec les lieux comme nulle part ailleurs.
Urdués a existé dans mon imagination bien avant que nous marchions dans ses petites rues avec deux dames qui sont peut-être nos lointaines cousines. C’est mon village spécial, il ne ressemble à aucun autre, il n’est extraordinaire que pour moi. Il a été le point de départ d’un long chemin qui se poursuit encore à des milliers de kilomètres de là, il est aussi le point de retour, le lieu des retrouvailles. Aujourd’hui, à notre arrivée, ils étaient là, Ignacio, Teresa et les autres, ils nous faisaient signe en bas de la dernière descente, nous accompagnaient dans les petites rues. En partant je les emmène avec moi, ils sont avec moi, je suis avec eux.
¡Hasta siempre abuelitos!